Adrien Maggiolo

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Adrien Maggiolo
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Adrien Maggiolo âgé de 37 ans (Auguste Renoir, Le Déjeuner des canotiers, 1880).
Données clés
Nom de naissance Jean-Louis-Adrien Maggiolo
Naissance
Lunéville
Décès (à 51 ans)
Asnières-sur-Seine
Nationalité Français
Profession
Publiciste, homme politique
Formation
Lycée Henri-IV
École normale supérieure
Ascendants
Louis Maggiolo (père)
Famille
Famille Maggiolo

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Le vicomte Adrien Maggiolo, né le à Lunéville et mort le à Asnières-sur-Seine, est un journaliste monarchiste français.

Biographie

Adrien Maggiolo naît le à Lunéville. Il est le fils de Louis Maggiolo (1811-1895), professeur de lettres issu d’une ancienne famille génoise, et de Clémence Leveling (1823-1871). Il est le frère aîné de Paul Maggiolo (1846-1907), qui fera carrière dans l’armée jusqu’au grade de général de brigade.

Élève au lycée Henri-IV à Paris (rebaptisé lycée Napoléon sous le Second Empire), Adrien Maggiolo est admis en 1862 à l'École normale supérieure dans la section des lettres[1]. À sa sortie, il est nommé professeur au lycée de Vesoul[2].

Au déclenchement de la guerre franco-allemande de 1870, il s’engage au 2e régiment de hussards[3] et assiste le à la bataille de Mars-la-Tour, la dernière grande bataille de cavalerie en Europe. Après la fin de la guerre, il continue son service comme réserviste au sein de la cavalerie territoriale. Il deviendra chef d'escadron le [2].

Légitimisme

Maggiolo abandonne l’enseignement en 1871 pour se lancer dans le journalisme. Partisan du comte de Chambord[4],[5], prétendant légitimiste au trône de France sous le nom d'« Henri V », il devient rédacteur à L’Union, organe au service du prince[6] dirigé par Pierre-Sébastien Laurentie.

En 1873, à l’occasion d’une réunion publique au Casino Cadet, au siège du Grand Orient de France, il prend la parole sur scène, déclarant devant des milliers de républicains que la royauté est l’unique véritable forme de souveraineté populaire. Il conclut son discours par un « Vive le roi ! Vive Henri V ! » qui provoque la fureur de l’assemblée. Insulté, bousculé et frappé, il est protégé par quelques membres de l’assistance qui l’escortent hors de la salle[7],[8],[9].

L’année suivante, une vive polémique[précision nécessaire] l’oppose à Paul de Cassagnac, directeur du journal bonapartiste Le Pays. Le comte de Turenne et le baron de Lareinty interviennent pour éviter un duel entre leurs amis respectifs[10].

À l’, muni d’une lettre de recommandation de la duchesse de Madrid, il se rend en Espagne pour couvrir la Troisième Guerre de succession carliste, prenant fait et cause pour Charles VII[11],[12],[13].

À la suite d’une polémique à propos de la guerre en Espagne, Maggiolo se bat en duel avec Albert Rogat le , à Dieuze, près de la frontière franco-allemande. Le combat à l’épée dure une demie heure et nécessite sept reprises. Les deux adversaires sont légèrement blessés et se réconcilient autour d’un verre de vin de Malaga[14],[15].

Lors des élections législatives de 1876, il est choisi par les royalistes pour se présenter dans la 1re circonscription de Marseille. Avec 14 % des suffrages, il termine troisième derrière Léon Gambetta (Union républicaine, 58 %) et Alfred Naquet (Extrême gauche, 18 %), mais devant le colonel Bourcart, candidat bonapartiste (9 %)[16],[17],[18]. Brouillé avec la rédaction de L’Union, il quitte ce journal après le scrutin.

En paraît une courte biographie à charge de Robespierre. Sa brochure, qui retrace avec délectation l’arrestation et l’exécution du révolutionnaire, est largement diffusée dans les cercles royalistes[19]. Il publie l’année suivante chez Victor Palmé un pamphlet sur Voltaire, présenté comme un usurier, un négrier, un profiteur de guerre et un délateur[20],[21].

Il est aussi l’auteur d’un roman, Rose-Agathe (paru en 1877 chez Calmann-Lévy et dédié à son ami le prince Nikolaï Galitzine), qui raconte la rédemption d’une courtisane.

En 1878, il prend la direction du journal catholique et monarchiste La France nouvelle[22] qui paraîtra jusqu’en 1883[23]. Il compte André Barbes parmi ses collaborateurs.

C’est dans ce journal qu’il écrit en que le sénateur Paul Challemel-Lacour a été surpris trichant au jeu dans un cercle de la rive gauche. Cette fausse nouvelle lui vaut une plainte pour diffamation. Challemel-Lacour est défendu par Léon Gambetta en personne. Le , l’audience devant le tribunal correctionnel de la Seine attire une foule de curieux. Gambetta demande que le journal soit frappé à la caisse en versant 10 000 francs de dommages-intérêts à son client. Le tribunal accède à sa demande, condamnant de surcroît Maggiolo à 2 000 francs d’amende[24],[25]. Il est défendu en appel par l’ancien garde des sceaux Jean Ernoul : l’amende est maintenue mais les dommages-intérêts sont réduits à 4 000 francs[26].

Quelques mois plus tard, le préfet de police de Paris, Louis Andrieux, accusé par La France nouvelle de brûler des bibles, porte aussi plainte pour diffamation. Il se désiste après la publication en première page d’une rétractation[27].

Dessin du vicomte Maggiolo par J. Blass dans Le Triboulet du [28].

Aux élections législatives de 1881, il se présente sous la bannière royaliste dans la 1re circonscription de Laval. Obtenant 43 % des suffrages, il est vaincu par le député républicain sortant, Théophile Souchu-Servinière. Ces élections donnent lieu à une polémique[précision nécessaire] prolongée l’opposant à un journal local, L'Avenir de la Mayenne[29],[30].

Maggiolo évoquant les Juifs monarchistes (1880)[31].
Antimaçonnisme : à propos des funérailles de Léon Gambetta (1883).

Orléanisme

Le , le comte de Chambord meurt en exil dans son château autrichien. Ses obsèques sont célébrées en la cathédrale de Goritz le 3 septembre. Quinze jours plus tard, Maggiolo publie une brochure sobrement intitulée À Goritz, le , exhortant les royalistes à poursuivre la lutte en mémoire du défunt[32].

Le comte de Chambord faisant l’éloge du comte de Paris et de la famille d’Orléans auprès du vicomte Maggiolo[33].

« Henri V » n’ayant pas eu de descendance, le publiciste se rallie au comte de Paris, « Philippe VII »[34]. Il entre en 1884 au bureau de la presse du prétendant orléaniste, dirigé par le sénateur Charles Lambert de Sainte-Croix. Il y côtoie notamment Eugène Dufeuille et Auguste Boucher (eux aussi passés par le lycée Henri-IV), ou encore le baron de Ravinel[35].

Le , après son adoption par les députés et les sénateurs, une loi d’exil visant les prétendants au trône de France est promulguée. Le comte de Paris et sa famille sont contraints de quitter le château d'Eu et d’embarquer pour l’Angleterre. Avec le comte d’Haussonville, le duc de La Trémoille, le marquis de Breteuil, le marquis de Beauvoir, le comte d’Harcourt ou Lambert de Sainte-Croix, le vicomte Maggiolo est dans l’une des sept voitures qui accompagnent la calèche princière jusqu’au Tréport, où sont rassemblées 30 000 personnes[36].

Il est condamné en à une amende de 25 francs pour port d’arme prohibée. Au cours d’une réunion électorale à Aire-sur-l'Adour présidée par le comte de Dampierre, des intrus républicains menés par Victor Lourties s’en étaient pris physiquement à l’assistance. Maggiolo avait sorti un revolver pour les maintenir en respect[37].

En 1888, interpellé au sujet des instructions données par le comte de Paris, il déclare que les monarchistes ne devraient pas considérer comme un ennemi le général Boulanger quand celui-ci combat la République au suffrage universel[38]. C’est donc avec le soutien des boulangistes et de l’Union des droites qu’il se présente aux élections législatives de 1889 dans le Doubs, à Pontarlier. Après une campagne féroce face à Dionys Ordinaire, député républicain sortant, Maggiolo est battu de 2 500 voix, récoltant 39 % des suffrages[39]. Les résultats sont contestés par le camp royaliste.

Le soir des élections, une manifestation sauvage se forme sous ses fenêtres et perdure plusieurs heures avant d’être dispersée par les autorités[40]. Le vicomte, blessé par des jets de pierre, dépose une plainte qui débouche sur une ordonnance de non-lieu, ce qui scandalise Le Moniteur universel dont il est un contributeur régulier[41].

À l’, il publie chez Calmann-Lévy un ouvrage intitulé Corse, France et Russie : Pozzo di Borgo (1764-1832), une biographie pour laquelle lui a été ouvert l’accès aux archives familiales. Il fait l’éloge de ce diplomate au service du tsar Alexandre 1er, mettant en lumière son rôle décisif au moment de la chute de Napoléon et de la Restauration[42].

En 1891, le comte d’Haussonville centralise les différents services du parti royaliste dans un appartement de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Maggiolo rejoint La Correspondance nationale, l’organe officiel du comte de Paris[43],[44] où il retrouve son vieil adversaire de duel Albert Rogat.

La rédaction de La Correspondance nationale en 1893. Assis, de gauche à droite : Ernest Baudouin, Eugène Dufeuille et Edmond Robert. Debout, de gauche à droite : Charles Waternau, Urbain Gohier, Georges Huillard, Adrien Maggiolo et Albert Rogat.

Il participe aussi à la création de L’Alerte en 1893[45]. Ces journaux royalistes, subventionnés par la famille d’Orléans, ne sont toutefois plus diffusés dans l’ensemble des départements, faute de lecteurs[5].

Le comte de Paris s’éteint le . Quelques semaines plus tard, le , Adrien Maggiolo meurt subitement à 51 ans[46] dans sa villa du no 8 de l'avenue de Montmorency, à Asnières-sur-Seine[47], des suites d’une congestion pulmonaire[48].

Son corps est transporté à Nancy et inhumé au cimetière du Sud, après des obsèques célébrées en l'église Saint-Pierre[49]. Le duc d’Orléans, fils et successeur du comte de Paris sous le nom de « Philippe VIII », fait parvenir à la famille Maggiolo « l’expression de ses condoléances et des vifs regrets que lui cause la mort de ce fidèle et dévoué serviteur[50]. » À Paris, une messe est dite en l’église de la Madeleine[51].

Célibataire et sans progéniture, il était membre du Conseil héraldique de France et de la Société d'histoire diplomatique, et l’un des membres fondateurs de l’Union des Yachts français[52].

Maggiolo a été identifié comme étant le jeune homme au costume rayé, visible à droite du Déjeuner des canotiers de Renoir (1880)[53],[54],[55].

Principales œuvres

  • Robespierre, Paris, Librairie de la Société bibliographique, 1876.
  • Rose Agathe, Paris, Calmann Lévy, 1877.
  • Voltaire, Paris, V. Palmé, 1878.
  • À Goritz, le , Paris, Oudin, 1883.
  • Corse, France et Russie. Pozzo di Borgo, 1764-1842, Paris, Calmann Lévy, 1890.

Notes et références

  1. Le Temps, 30 octobre 1862, p. 2.
  2. a et b « Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1893, p.1038 »
  3. Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger, 6 août 1870, p. 561.
  4. Des membres de sa famille avaient connu le comte de Chambord lors de son exil à Venise entre 1848 et 1866.
  5. a et b « Le Journal du 2 mars 1894 »
  6. C’est dans L’Union qu’est publiée le 27 octobre 1873 la lettre ouverte à Pierre-Charles Chesnelong dans laquelle le comte de Chambord réaffirme son attachement au drapeau blanc et son refus de tout compromis.
  7. « L’Univers du 23 avril 1873 »
  8. « Le Français du 23 avril 1873 »
  9. « La France (Paris) du 23 avril 1873 »
  10. « La Gazette nationale du 6 avril 1874 »
  11. « La Gazette de France du 28 juillet 1874 »
  12. « Courrier du Berry du 4 novembre 1874 »
  13. « La Gazette de France du 5 mars 1877 »
  14. « Le Figaro du 21 avril 1875 »
  15. « Le Gaulois du 22 avril 1875 »
  16. « Le Petit Marseillais du 12 février 1876 »
  17. « Le Petit Marseillais du 15 février 1876 »
  18. « Le Figaro du 21 février 1876 »
  19. « La Gazette de France du 22 septembre 1876 »
  20. « La Gazette de France du 26 mai 1878 »
  21. « Le Français du 29 mai 1878 »
  22. « La Gazette de France du 12 septembre 1878 »
  23. « L’Univers du 20 mai 1883 »
  24. « Le Figaro du 9 janvier 1879 »
  25. « Le Petit Moniteur universel du 10 janvier 1879 »
  26. « La Gazette de France du 22 février 1879 »
  27. « Le Petit Journal du 11 juillet 1879 »
  28. « Le Triboulet du 24 juillet 1881 »
  29. « L’Avenir de la Mayenne du 14 août 1881 »
  30. « La Gazette de France du 25 août 1881 »
  31. « Archives israélites de France du 16 décembre 1880 »
  32. « Le Triboulet du 16 septembre 1883 »
  33. « La Gazette nationale du 24 juin 1884 »
  34. Certains légitimistes se rallient en 1883 à Juan de Borbón, prince espagnol qui descend en ligne agnatique de Louis XIV, contrairement au comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe Ier qui descend en ligne agnatique de Louis XIII. Le traité d’Utrecht (1713), qui avait mis fin à la guerre de Succession d'Espagne, disposait que les Bourbons d’Espagne renonçassent à la couronne de France. Cette clause a été maintes fois reniée par les Bourbons d’Espagne depuis le XVIIIe siècle.
  35. « L’Univers du 19 janvier 1885 »
  36. « La Gazette de Chateau-Gontier du 27 juin 1886 »
  37. « L’Univers du 30 octobre 1886 »
  38. « La République française du 27 novembre 1888 »
  39. « Biographie de Dionys Ordinaire extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1949 (Jean Jolly) »
  40. « L’Univers du 6 octobre 1889 »
  41. « La Gazette nationale du 28 novembre 1889 »
  42. « L’Univers illustré du 16 août 1890 »
  43. « The New York Herald du 9 mars 1891 »
  44. « Le Temps du 18 avril 1891 »
  45. La création de L’Alerte est financée par le duc d’Orléans (fils du comte de Paris) et son cousin Henri d’Orléans. Maggiolo se défend d’agir en service commandé, affirmant bénéficier d’une entière liberté d’expression.
  46. Une semaine auparavant, il publiait dans Le Moniteur Universel un article sur l’agonie du tsar Alexandre III.
  47. Archives départementales des Hauts-de-Seine, état civil d'Asnières-sur-Seine, registre des décès de 1894, acte no 341 (vue 90 sur 108).
  48. « Hommage dans Le Moniteur universel d’une 28 octobre 1894 »
  49. « Le Moniteur universel du 1er novembre 1894 »
  50. « Le Moniteur universel du 31 octobre 1894 »
  51. « Le Figaro du 3 novembre 1854 »
  52. « Le Matin du 7 décembre 1891 »
  53. François Daulte, Auguste Renoir, Paris, Diffusion Princesse, 1974, p. 39.
  54. Chefs-d'œuvre de la Phillips Collection Washington : exposition, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2004, cat. no 49.
  55. Hélène Rochette, Maisons d'écrivains et d'artistes : Paris et ses alentours, Paris, Parigramme, 2004, p. 120.

Voir aussi

Bibliographie

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 6e édition, Paris, Hachette, 1893, p. 1038.

Liens externes

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