Marie Boivin

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Marie Boivin
Marie Boivin, dessin et gravure de Bouchard.
Biographie
Naissance

VersaillesVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
(à 68 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Sage-femme, gynécologue, chirurgienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction

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Marie Gillain Boivin () est une sage-femme française, auteur d'ouvrages médicaux. Avec Marie-Louise Lachapelle (1769–1821), elle est en France, dans le domaine médical, la femme la plus connue du début du XIXe siècle.

Biographie

« Madame Boivin », ou « madame veuve Boivin », comme la connaissaient ses contemporains et comme elle signait ses ouvrages, est née Marie Anne Victorine[Note 1] Gillain, à Montreuil, près de Versailles. Ses parents étaient plutôt pauvres[1].

Élève des visitandines à Étampes, elle attire l'attention de Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI. Témoin des massacres de l'Abbaye, elle en conçoit du dégoût pour les idées républicaines[1]. Elle suit pendant trois ans l'enseignement du chirurgien en chef d'Étampes[1]. Elle épouse Louis Boivin en 1797 et donne naissance à une petite fille. Son mari meurt peu après. Elle est formée au métier de sage-femme par Marie-Louise Lachapelle et devient son assistante. On l'appelle, au bout de neuf mois, à remplacer Mme du Coudray, mais elle refuse[1].

Elle obtient son diplôme de sage-femme en 1800 et revient à Versailles, mais à la mort de sa fille, elle retourne à la maternité de Port-Royal travailler auprès de Marie-Louise Lachapelle. Elle en est d'abord l'amie, mais devient sa rivale après la publication du Mémorial ; elle sera congédiée sans compensation[2].

M.A. Boivin dirige quelques années l'hôpital général de Poissy[2]. Elle invente un nouveau pelvimètre et un nouveau spéculum. Elle est parmi les premiers à utiliser un stéthoscope pour écouter le cœur du fœtus[Note 2].

Regrettant encore de ne pas avoir été reçue à l'Académie de médecine, celle que l'illustre Dupuytren avait appelée pour la naissance de sa fille meurt dans la pauvreté en 1841, peu après avoir pris sa retraite.

Réalisations

Écrits

Ouvrages originaux

  • Mémoire sur les hémorragies internes de l'utérus[Note 3], Paris, Méquignon, 1818
  • Mémorial de l'art des accouchemens, ou Principes fondés sur la pratique de l'hospice de la Maternité de Paris et sur celle des plus célèbres praticiens nationaux et étrangers sur Google Livres, 3e  éd., Paris, Méquignon, 1827
    Elle avait d'abord eu l'intention de faire publier cet ouvrage sous le nom de Mme Lachapelle, mais le Dr Chaussier la convainquit de le mettre sous son nom à elle[1]. Le livre fut bientôt utilisé en classe par les sages-femmes.
    Les illustrations ont été publiées séparément dans Einhundert und Sechs lithographirte [sic] Abbildungen zu dem Handbuch der Geburtshülfe [sic], Cassel, Johann Christian Krieger, 1829 (OCLC 2198588).
    • (it) Dell'arte di assistere ai parti : opera classica della signora Boivin, traduction et augmentation de Domenico Meli, 1822
    • (de) Handbuch der Geburtshülfe, nach den Grundsätzen der Entbindungs-Anstalt zu Paris, und denen der berühmtesten in- und ausländischen Geburtshelfer[Note 4], Cassel, Krieger, 1829
  • Recherches sur une des causes les plus fréquentes et la moins connue de l’avortement, suivies d’un mémoire sur l’intro-pelvimètre, ou mensurateur interne du bassin, Paris, Baillière, 1828 — Description de l'intropelvimètre.
    La fin du titre mentionne que l'ouvrage a été « couronné par la Société royale de médecine de Bordeaux ».
    • (de) Über eine sehr gewöhnliche und noch wenig gekannte Ursache des Abortus, nebst einer Denkschrift über den Intro-Pelvimeter oder innern Beckenmesser, trad. Friedrich Ludwig Meissner (de), Leipzig, 1829[3]
  • Nouvelles recherches sur l'origine, la nature et le traitement de la môle vésiculaire ou grossesse hydatique, 1827
  • Observations et réflexions sur les cas d'absorption du placenta sur Gallica, Paris, Mme Huzard, 1829
  • (avec Antoine Louis Dugès) Traité pratique des maladies de l'utérus et de ses annexes : fondé sur un grand nombre d'observations cliniques : accompagné d'un atlas de 41 planches in-folio gravées et coloriées, représentant les principales altérations morbides des organes génitaux de la femme, Paris, Baillière, 1833[4] (En ligne : vol. 2) — Le titre se poursuit ainsi : « accompagné d'un atlas de 41 planches in-fol. gravées et coloriées, représentant les principales altérations morbides des organes génitaux de la femme ». — Comprend aussi une liste d'ouvrages de Boivin et de Dugès.
    • (en) A practical treatise on the diseases of the uterus and its appendages, trad. G. Oakley Heming, Londres, 1834[5]
  • Jean-Zuléma Amussat[Note 5], A. Andral, Marie Boivin et Jean-Eugène Dezeimeris, Dictionnaire des études médicales pratiques, Paris, 1838–1839, in-8, 5 vol. En ligne : t. 1, 1838 ; t. 2, 1838 ; t. 3, 1839 ; t. 4, 1839, sur Google Livres
Nombreux collaborateurs. — « Seuls les cinq premiers volumes (lettres A à D) ont été publiés[6]. »

Traductions

Spéculum de Mme Boivin.
  • Édouard Rigby (en) et Stewart Duncan, Nouveau traité sur les hémorragies de l'utérus sur Gallica, avec 124 observations tirées de la pratique des deux auteurs précédé d'une Notice historique sur le traitement des hémorragies utérines et suivi d'une Lettre de M. Chaussier sur la structure de l'utérus, Paris, 1818 — Avec des notes de Boivin.
  • John Baron (en), Recherches, observations et expériences sur le développement naturel et artificiel des maladies tuberculeuses : suivies d'un nouvel examen des doctrines pathologiques, Veuve Desray, 1825, 534 p.

Inventions

  • « Le spéculum de Mme Boivin « est formé de deux demi-cylindres unis par leurs extrémités externes et qui s'écartent l'un de l'autre en conservant toujours la forme cylindrique[7] ». On l'utilisait pour dilater le vagin et pour examiner le col de l'utérus.
Intropelvimètre de Mme Boivin.
  • Intropelvimètre : « L'une des branches de ce compas est introduite dans le vagin et vient prendre appui sur la face postérieure du pubis ; l'autre branche pénètre dans le bassin, en glissant dans le rectum, jusqu'à ce qu'elle arrive au contact du promontoire[Note 6] ». Mme Boivin, dans le mémoire où elle décrit son intropelvimètre, ajoute qu'il pourrait être employé comme céphalomètre pour mesurer la tête pendant l'accouchement. L'invention est décrite dans un texte, Recherches sur une des causes les plus fréquentes et la moins connue de l’avortement …

Bibliographie

  • (de) « Boivin (geb. Gillain, Witwe) », dans Georg Hartog Gerson (de) et Nikolaus Heinrich Julius (de) (dir.), Magazin der ausländischen Literatur der gesammten Heilkunde…, vol. 10, Hambourg, 1835, p. 274
  • « Boivin (Marie Anne Victoire Gillain dame) », dans Jules Trousset (dir.), Nouveau dictionnaire encyclopédique universel illustré, 1884, p. 543
  • « Traité pratique des maladies de l'utérus et de ses annexes », Gazette médicale de Paris,‎ , p. 702–704 (lire en ligne)
  • (Nécrologie, sans titre ni signature), dans Revue scientifique et industrielle, vol. 5, 1841, p. 447–448 — « [U]ne des plus habiles sages-femmes et la femme-médecin des temps modernes. »
  • (en) « Boivin, Marie Anne Victoire », The New American Cyclopædia, vol. 3,‎ , p. 437 (lire en ligne)
  • E. Beaugrand, « Boivin (Marie-Anne-Victoire) veuve », dans Amédée Dechambre (dir.), Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. 10, p. 43
  • Isidore Bourdon, « Madame Boivin. 17.. », dans Illustres médecins et naturalistes des temps modernes, p. 463-467
  • Anne Carol, « Sage-femme ou gynécologue ? M.-A. Boivin (1773–1841) », Clio. Femmes, Genre, Histoire., vol. 2011/1, no 33,‎ , p. 237–260 (lire en ligne)
    Anne Carol, comme son titre l'indique, n'évite pas la question idéologique.
  • A. Delacoux, Biographie des sages-femmes célèbres, anciennes, modernes et contemporaines, Trinquart, (lire en ligne), « Boivin (née Gillain, veuve) », p. 38-43
  • (en) Sophia Jex-Blake, Medical women: a thesis and a history, Oliphant, Anderson, & Ferrier, 1886, p. 33
  • Antoine Jacques Louis Jourdan, « Boivin (Marie Anne Victoire Gillain, veuve de Jacques Louis) », dans Charles Louandre et Félix Bourquelot (dir.), La littérature française contemporaine — 1827- 1849, t. 2, Paris, Félix Daguin, 1846, p. 173-178
  • (en) Hunter Robb, Remarks on the writings of Madame Lachapelle, Louyse Bourgeois, Madame Boivin, Justine Siegemundin (de) [and] Francois Mauriceau, 1891, 28 p. 
  • (en) Autumn Stanley, « Marie-Anne Victorine Boivin », dans Mothers and daughters of invention : notes for a revised history of technology, Rutgers University Press, (ISBN 0813521971 et 9780813521978, lire en ligne), p. 235 — Deux alinéas.
  • Yvette Sultan, Béatrice Didier (dir.), Antoinette Fouque (dir.) et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, vol. 1, Éditions des femmes, , « Boivin, Marie Anne (née Marie Anne Victoire Gillain) (Montreuil 1773 – Paris 1841) », p. 578–579.

Compléments

Honneurs

  • Médaille d'or du mérite civil de Prusse[8].
  • Doctorat en médecine honoris causa de l'université de Marbourg (1827)[9],[Note 7],[Note 4],[Note 8].
  • Membre honoraire de la Société royale de médecine de Bordeaux.
  • Le cratère vénusien Boivin a été nommé en son honneur[10].
  • Une crèche de Versailles porte son nom.

Notes et références

Notes

  1. Assez souvent : « Victoire ». De plus, son prénom usuel peut avoir été Marie-Anne ; cette incertitude vient du fait qu'elle est appelée généralement Mme Boivin.
  2. Son opinion était respectée. Marie Alexandre Desormeaux dit : « les observations recueillies à l'hospice de la Maternité, et citées par madame Boivin, portent tout le caractère de l'exactitude et de la vérité » (article « Femmes (maladies des) », dans le Dictionnaire de médecine d'Adelon, Béclard, etc., t. 1, p. 200).
  3. La page de titre se poursuit ainsi : « [Mémoire] qui a obtenu le prix d'émulation au concours ouvert (1818) par la société de médecine de Paris, par Mme Veuve Boivin, auteur du Mémorial de l'art des accouchements ; de la traduction du Nouveau traité des hémorragies de l'utérus ; ancienne élève, ex-surveillante en chef à l'hospice de la Maternité ; maîtresse sage-femme surveillante en chef de la Maison royale de santé ; gratifiée de la médaille d'or du Mérite civil de Prusse — suivi des Aphorismes d'Andrew Blake, sur les hémorragies utérines ». L'orthographe et la ponctuation ont été modernisées. Le titre de l'ouvrage de Blake, publié en 1817, était Aphorisms illustrating natural and difficult cases of accouchement : uterine hemorrhage, and puerperal peritonitis. La traduction commence p. 667.
  4. a et b « Dr. der Medizin » = « docteur en médecine », sur la page de titre du Handbuch der Geburtshülfe.
  5. Jean Zuléma Amussat (1796–1856), chirurgien français.
  6. Sur ce mot, voir notre article « sacrum ».
  7. Marie Boivin était fière de ce titre et en faisait usage dans ses ouvrages, comme dans son Traité pratique ou dans ses Observations.
  8. Jane K. Burton (Napoleon and the woman question : discourses of the other sex in French education, medicine, and medical law 1799-1815, Texas Tech University Press, 2007, p. 106) se demande si on ne pourrait pas approfondir les liens — qui semblent avoir été assez étroits à cette époque — entre la France et l'Allemagne au sujet de l'obstétrique.

Références

  1. a b c d et e Jourdan.
  2. a et b Beaugrand.
  3. « Geburtshülfe [sic] und Frauenzimmerkrankheiten », dans Summarium des Neuesten aus der gesammten Medicin, no 3, 1828, p. 133.
  4. Gazette médicale 1834, p. 702–704.
  5. Tiré-à-part, dans Med Chir Rev., 1835, 22(43), p. 34–48.
  6. Fiche du SUDOC.
  7. Maurice Jeannel, Arsenal du diagnostic médical : recherches sur les thermomètres, les balances…, 1873, p. 190.
  8. Page de titre du Nouveau traité.
  9. Marie Boivin, Recherches sur une des causes les plus fréquentes …, dédicace.
  10. IAU Working Group for Planetary System Nomenclature (WGPSN), « Boivin », Gazetteer of planetary nomenclature 1994, Washington, U. S. Government Printing Office, 1995.

Liens externes

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