Théorème de Hille-Yosida

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En théorie des semi-groupes, le théorème de Hille-Yosida est un outil puissant et fondamental reliant les propriétés de dissipation de l'énergie d'un opérateur non borné A : D ( A ) X X {\displaystyle A:D(A)\subset X\longrightarrow X} à l'existence et l'unicité et la régularité des solutions d'une équation différentielle (E)

{ x ( t ) = A x ( t ) x ( 0 ) = x 0 {\displaystyle {\begin{cases}x'(t)=Ax(t)\\x(0)=x_{0}\end{cases}}} .

Ce résultat permet notamment de donner l'existence, l'unicité et la régularité des solutions d'une équation aux dérivées partielles plus efficacement que le théorème de Cauchy-Lipschitz-Picard, plus adapté aux équations différentielles ordinaires.

Einar Hille (1894-1980) à droite
Kōsaku Yosida (1909-1990)

Semi-groupes

La théorie des semi-groupes doit son origine à l'étude du flot d'une équation différentielle ordinaire autonome en dimension finie ainsi que de l'exponentielle d'opérateurs.

Définitions

Soit X {\displaystyle X} un espace de Banach ; on dit que la famille d'opérateurs linéaires ( S ( t ) ) t 0 {\displaystyle \left(S(t)\right)_{t\geq 0}} est un semi-groupe (fortement continu) si :

  1. t 0 ,   S ( t ) L ( X ) {\displaystyle \forall t\geq 0,~S(t)\in {\mathcal {L}}(X)}
  2. S ( 0 ) = I d L ( X ) {\displaystyle S(0)=\mathrm {Id} _{{\mathcal {L}}(X)}}
  3. ( s , t ) 0 ,   S ( s + t ) = S ( s ) S ( t ) {\displaystyle \forall (s,t)\geq 0,~S(s+t)=S(s)\circ S(t)}
  4. x X ,   lim t 0 + S ( t ) x = x {\displaystyle \forall x\in X,~\lim _{t\rightarrow 0^{+}}S(t)x=x}

La condition 4 est équivalente à ce que x X ,   t S ( t ) x   C 0 ( R + , X ) {\displaystyle \forall x\in X,~t\mapsto S(t)x~\in {\mathcal {C}}^{0}(\mathbb {R} ^{+},X)} .

Si on remplace 4 par : lim t 0 + S ( t ) I d L ( X ) = 0 {\displaystyle \lim _{t\rightarrow 0^{+}}\|S(t)-Id\|_{{\mathcal {L}}(X)}=0} on dit que ( S ( t ) ) t 0 {\displaystyle \left(S(t)\right)_{t\geq 0}} est uniformément continu.

On retrouve (vaguement) avec cette définition la notion de famille à un paramètre de difféomorphismes bien connue en théorie des équations différentielles ordinaires.

On définit le générateur infinitésimal ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} d'un semi-groupe fortement continu ( S ( t ) ) t 0 {\displaystyle \left(S(t)\right)_{t\geq 0}} comme l'opérateur non borné A : D ( A ) X X {\displaystyle A:D(A)\subset X\longrightarrow X} où :

D ( A ) = { x X ,   lim t 0 S ( t ) x x t  existe } {\displaystyle D(A)=\left\{x\in X,~\lim _{t\rightarrow 0}{\frac {S(t)x-x}{t}}{\text{ existe}}\right\}}
x D ( A ) ,   A x = lim t 0 S ( t ) x x t {\displaystyle \forall x\in D(A),~Ax=\lim _{t\rightarrow 0}{\frac {S(t)x-x}{t}}}

Dans le cas où D ( A ) = X {\displaystyle D(A)=X} et A L ( X ) {\displaystyle A\in {\mathcal {L}}(X)} la famille d'opérateurs ( e t A ) t 0 {\displaystyle \left(e^{tA}\right)_{t\geq 0}} (définie classiquement par sa série) est un semi-groupe fortement continu de générateur infinitésimal A {\displaystyle A} : c'est pourquoi on note parfois abusivement S ( t ) = e t A {\displaystyle S(t)=e^{tA}} .

On dit que le semi-groupe ( S ( t ) ) t 0 {\displaystyle \left(S(t)\right)_{t\geq 0}} est de contraction si t 0 ,   S ( t ) L ( X ) 1 {\displaystyle \forall t\geq 0,~\|S(t)\|_{{\mathcal {L}}(X)}\leq 1} .

Propriétés des semi-groupes de contraction

Théorème 1 — Soit X {\displaystyle X} un espace de Banach, ( S ( t ) ) t 0 {\displaystyle \left(S(t)\right)_{t\geq 0}} un semi-groupe de contraction sur X {\displaystyle X} et ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} son générateur infinitésimal. Alors :

  1. x X {\displaystyle \forall x\in X} le flot t S ( t ) x C 0 ( R + , X ) {\displaystyle t\mapsto S(t)x\in {\mathcal {C}}^{0}(\mathbb {R} ^{+},X)}
  2. x D ( A ) {\displaystyle \forall x\in D(A)} et t 0 {\displaystyle \forall t\geq 0} on a S ( t ) x D ( A ) {\displaystyle S(t)x\in D(A)} , le flot t S ( t ) x C 1 ( R + , X ) {\displaystyle t\mapsto S(t)x\in {\mathcal {C}}^{1}(\mathbb {R} ^{+},X)} et vérifie x ( t ) = A x ( t ) {\displaystyle x'(t)=Ax(t)}
  3. ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est fermé de domaine dense.

Théorème 2 (Caractérisation des générateurs infinitésimaux)[réf. nécessaire] — Soit A : D ( A ) X X {\displaystyle A:D(A)\subset X\longrightarrow X} un opérateur non borné sur X {\displaystyle X} . On a l'équivalence :

  1. ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est le générateur infinitésimal d'un semi-groupe de contraction
  2. D ( A ) {\displaystyle D(A)} est dense et pour toute condition initiale x 0 D ( A ) {\displaystyle x_{0}\in D(A)} il existe une unique solution t x ( t ) C 1 ( R + , X ) {\displaystyle t\mapsto x(t)\in {\mathcal {C}}^{1}(\mathbb {R} ^{+},X)} de (E).

De plus, sous cette hypothèse, la solution x ( t ) {\displaystyle x(t)} est à valeurs dans D ( A ) {\displaystyle D(A)} et vérifie x ( t ) X x 0 X {\displaystyle \|x(t)\|_{X}\leq \|x_{0}\|_{X}} ainsi que x ( t ) X A x ( t ) X A x 0 X {\displaystyle \|x'(t)\|_{X}\leq \|Ax(t)\|_{X}\leq \|Ax_{0}\|_{X}} (inégalités d'énergie).

On commence à voir apparaître le lien entre le problème (E) et la notion de semi-groupe. Pour préciser, il faut maintenant introduire la notion d'opérateur dissipatif.

Opérateurs dissipatifs

Définitions

  • Un opérateur ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est dissipatif si x D ( A ) , λ > 0 ,   x λ A x x {\displaystyle \forall x\in D(A),\forall \lambda >0,~\|x-\lambda Ax\|\geq \|x\|} . Dans le cas où X = H {\displaystyle X=H} est hilbertien on montre que A est dissipatif si et seulement si x D ( A ) , R e ( A x , x H ) 0 {\displaystyle \forall x\in D(A),\,{\mathfrak {Re}}(\langle Ax,x\rangle _{H})\leq 0} .

Remarque: Si ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est un opérateur dissipatif alors λ > 0 {\displaystyle \forall \lambda >0} l'opérateur ( I d λ A ) {\displaystyle (\mathrm {Id} -\lambda A)} est injectif car ( I λ A ) x = 0 0 x ( I λ A ) x = 0 x = 0 {\displaystyle (I-\lambda A)x=0\Rightarrow 0\leq \|x\|\leq \|(I-\lambda A)x\|=0\Rightarrow x=0} .

  • Si de plus λ > 0 {\displaystyle \forall \lambda >0} , I d λ A {\displaystyle \mathrm {Id} -\lambda A} est surjectif on dit que ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est maximal-dissipatif (ou m-dissipatif). On peut montrer que λ > 0 {\displaystyle \forall \lambda >0} , I d λ A {\displaystyle \mathrm {Id} -\lambda A} est surjectif si et seulement si
λ 0 , I d λ 0 A   surjectif {\displaystyle \exists \lambda _{0},\mathrm {Id} -\lambda _{0}A~{\text{surjectif}}} .

En pratique pour montrer qu'un opérateur est m-dissipatif on montre d'abord à la main qu'il est dissipatif et on résout ensuite un problème variationnel pour une valeur λ 0 {\displaystyle \lambda _{0}} bien choisie (par exemple avec le théorème de Lax-Milgram, voir exemple de l'équation de la chaleur traité plus bas).

Dans ce cas l'opérateur ( I d λ A ) {\displaystyle (\mathrm {Id} -\lambda A)} est un isomorphisme (a priori non continu) de L ( D ( A ) , X ) {\displaystyle L(D(A),X)} et on note J λ = ( I d λ A ) 1 {\displaystyle J_{\lambda }=(\mathrm {Id} -\lambda A)^{-1}} , qu'on appelle la résolvante de A. De plus,

J λ y X ( I d λ A ) [ J λ y ] X y X {\displaystyle \|J_{\lambda }y\|_{X}\leq \|(\mathrm {Id} -\lambda A)[J_{\lambda }y]\|_{X}\leq \|y\|_{X}} , J λ L ( ( X , . X ) , ( D ( A ) , . X ) ) {\displaystyle J_{\lambda }\in {\mathcal {L}}\left((X,\|.\|_{X}),(D(A),\|.\|_{X})\right)} .

Nous allons voir que cette propriété de continuité peut être améliorée (on va rendre moins fine la topologie sur ( D ( A ) , . X ) {\displaystyle (D(A),\|.\|_{X})} en munissant D ( A ) {\displaystyle D(A)} d'une norme . D ( A ) {\displaystyle \|.\|_{D(A)}} ).

Propriétés des opérateurs m-dissipatifs

Propriété 1: si ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est m-dissipatif alors c'est un opérateur fermé.

Corollaire 1 : pour x D ( A ) {\displaystyle x\in D(A)} on pose x D ( A ) = x X + A x X {\displaystyle \|x\|_{D(A)}=\|x\|_{X}+\|Ax\|_{X}} . Alors . D ( A ) {\displaystyle \|.\|_{D(A)}} est une norme pour laquelle D ( A ) {\displaystyle D(A)} est un espace de Banach et A L ( ( D ( A ) , . A ) , ( X , . X ) ) {\displaystyle A\in {\mathcal {L}}\left((D(A),\|.\|_{A}),(X,\|.\|_{X})\right)} .

Propriété 2 : si H {\displaystyle H} est un espace hilbertien et A : D ( A ) H H {\displaystyle A:D(A)\subset H\longrightarrow H} est m-dissipatif alors il est à domaine dense.

Propriété 3 : réciproquement si A : D ( A ) H H {\displaystyle A:D(A)\subset H\longrightarrow H} est de domaine dense, dissipatif, fermé et tel que son adjoint ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A^{*},D(A^{*}))} est dissipatif alors ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est m-dissipatif.

Corollaire 3 : toujours dans le cadre hilbertien

  1. si ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est dissipatif autoadjoint à domaine dense alors il est m-dissipatif,
  2. si ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est anti-adjoint à domaine dense alors il est m-dissipatif.

Remarque : dans ce dernier résultat, la condition de dissipativité n'est pas nécessaire car ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} anti-adjoint entraîne que A x , x H = 0 {\displaystyle \langle Ax,x\rangle _{H}=0} donc la dissipativité, voir l'exemple de l'équation des ondes plus bas.

Théorème de Hille-Yosida

Énoncé

Théorème 3 (Hille-Yosida) — Soit X {\displaystyle X} un espace de Banach et A : D ( A ) X X {\displaystyle A:D(A)\subset X\longrightarrow X} un opérateur non borné. On a l'équivalence

  1. ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est m-dissipatif à domaine dense
  2. ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} est le générateur infinitésimal d'un semi-groupe de contraction

Le point 1 du théorème précédent peut être réécrit en termes de résolvante :

  1. ' ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} , opérateur fermé à domaine dense, vérifie ( 0 , + ) ρ ( A ) {\displaystyle (0,+\infty )\subset \rho (A)} et R λ L ( X ) 1 λ {\displaystyle \|R_{\lambda }\|_{{\mathcal {L}}(X)}\leq {\frac {1}{\lambda }}} pour tout λ > 0 {\displaystyle \lambda >0} .

Ainsi sous ces hypothèses et d'après le théorème 2 pour toute condition initiale x 0 D ( A ) {\displaystyle x_{0}\in D(A)} il existe une unique solution forte t x ( t ) {\displaystyle t\mapsto x(t)} dans C 0 ( R + , ( D ( A ) , . D ( A ) ) ) C 1 ( R + , ( X , . X ) ) {\displaystyle {\mathcal {C}}^{0}(\mathbb {R} ^{+},(D(A),\|.\|_{D(A)}))\cap {\mathcal {C}}^{1}(\mathbb {R} ^{+*},(X,\|.\|_{X}))} . Lorsque la condition initiale est prise quelconque dans X on a une solution faible t x ( t ) = S ( t ) x {\displaystyle t\mapsto x(t)=S(t)x} de classe seulement C 0 ( R + , ( X , . X ) ) {\displaystyle {\mathcal {C}}^{0}(\mathbb {R} ^{+},(X,\|.\|_{X}))} (et on montre que toute solution faible est limite dans X {\displaystyle X} de solutions fortes).

Régularité des solutions

On constate que la régularité de la solution est étroitement liée au choix de la condition initiale en fonction du domaine de A : il est donc naturel de penser qu'en imposant plus de « régularité » à x 0 {\displaystyle x_{0}} on obtienne plus de régularité sur les solutions. Plus précisément on pose pour k 2 {\displaystyle k\geq 2} , D ( A k ) = { x D ( A k 1 ) ,   A x D ( A k 1 ) } {\displaystyle D(A^{k})=\{x\in D(A^{k-1}),~Ax\in D(A^{k-1})\}} . Alors on a le théorème suivant.

Théorème 4 — On peut munir les D ( A k ) {\displaystyle D(A^{k})} des normes x D ( A k ) = i = 0 k A i x {\displaystyle \|x\|_{D(A^{k})}=\sum _{i=0}^{k}\|A^{i}x\|} pour lesquels ce sont des espaces de Banach. De plus si la condition initiale x 0 D ( A k ) {\displaystyle x_{0}\in D(A^{k})} alors la solution est de classe C k ( R + , X ) {\displaystyle {\mathcal {C}}^{k}(\mathbb {R} ^{+*},X)} et C k i ( R + , D ( A i ) ) {\displaystyle {\mathcal {C}}^{k-i}(\mathbb {R} ^{+*},D(A^{i}))} pour i = 1... k {\displaystyle i=1...k} et au sens des topologies précédentes.

Exemples

L'équation de la chaleur

On se donne Ω {\displaystyle \Omega } un ouvert borné de classe C 2 {\displaystyle {\mathcal {C}}^{2}} de R n {\displaystyle \mathbb {R} ^{n}} et on cherche à résoudre l'équation de la chaleur

{ t u ( x , t ) Δ u ( x , t ) = 0 u ( x , 0 ) = u 0 ( x ) {\displaystyle {\begin{cases}\partial _{t}u(x,t)-\Delta u(x,t)=0\\u(x,0)=u_{0}(x)\end{cases}}}

sur ( x , t ) Ω × [ 0 , + ] {\displaystyle (x,t)\in \Omega \times [0,+\infty ]} pour une condition initiale donnée.

On peut réécrire cette équation aux dérivées partielles sous la forme d'une équation différentielle ordinaire y ( t ) = A y ( t ) {\displaystyle y'(t)=Ay(t)} en posant X = H = L 2 ( Ω ) {\displaystyle X=H=L^{2}(\Omega )} , y ( t ) = u ( . , t ) H {\displaystyle y(t)=u(.,t)\in H} et en définissant ( A , D ( A ) ) {\displaystyle (A,D(A))} par D ( A ) = H 2 ( Ω ) H 0 1 ( Ω ) L 2 ( Ω ) {\displaystyle D(A)=H^{2}(\Omega )\cap H_{0}^{1}(\Omega )\subset L^{2}(\Omega )} et A x = Δ x {\displaystyle Ax=\Delta x} pour tout x D ( A ) {\displaystyle x\in D(A)} . Nous sommes dans le bon cadre pour utiliser la théorie des semi-groupes et le théorème de Hille-Yosida ; reste à montrer que l'opérateur A est m-dissipatif.

Il est bien connu que le laplacien est un opérateur autoadjoint :

A u , v H = Ω ( Δ u ) v = Ω u v = Ω u ( Δ v ) = u , A v H {\displaystyle \langle Au,v\rangle _{H}=\int _{\Omega }(\Delta u)v=-\int _{\Omega }\nabla u\cdot \nabla v=\int _{\Omega }u(\Delta v)=\langle u,Av\rangle _{H}}

par double intégration par parties, et que D ( A ) {\displaystyle D(A)} est dense dans L 2 ( Ω ) {\displaystyle L^{2}(\Omega )} , il suffit donc de montrer qu'il est dissipatif ou de façon équivalente que ( A x , x H ) 0 {\displaystyle \Re (\langle Ax,x\rangle _{H})\leq 0} . Or tout x D ( A ) = H 2 ( Ω ) H 0 1 ( Ω ) {\displaystyle x\in D(A)=H^{2}(\Omega )\cap H_{0}^{1}(\Omega )} est de trace nulle, donc en intégrant par parties ( A x , x H ) = Ω x R n 2 0 {\displaystyle \Re (\langle Ax,x\rangle _{H})=-\int _{\Omega }\|\nabla x\|_{\mathbb {R} ^{n}}^{2}\leq 0} .

Le corollaire 3 et le théorème de Hille-Yosida permettent enfin de conclure quant à l'existence-unicité et la régularité des solutions. On remarque de plus que

d d t ( y ( t ) H 2 ) = 2 y ( t ) , y ( t ) H = 2 A y ( t ) , y ( t ) H 0 {\displaystyle {\frac {d}{dt}}\left(\|y(t)\|_{H}^{2}\right)=2\langle y'(t),y(t)\rangle _{H}=2\langle Ay(t),y(t)\rangle _{H}\leq 0}

On retrouve, bien sûr, le côté dissipatif et irréversible de l'équation de la chaleur.

L'équation des ondes

L'équation des ondes homogène se formule dans un domaine Ω {\displaystyle \Omega } suffisamment régulier (c'est-à-dire C 2 {\displaystyle {\mathcal {C}}^{2}} en pratique) et sur un intervalle de temps [ 0 , T ) {\displaystyle [0,T)} (avec T > 0 {\displaystyle T>0} ) selon

{ u t t ( t , x ) Δ u ( t , x ) = 0 ( t , x ) ( 0 , T ) × Ω u ( 0 , x ) = f ( x ) x Ω u t ( 0 , x ) = g ( x ) x Ω {\displaystyle \left\{{\begin{array}{rcll}u_{tt}(t,x)-\Delta u(t,x)&=&0&\forall (t,x)\in (0,T)\times \Omega \\u(0,x)&=&f(x)&\forall x\in \Omega \\u_{t}(0,x)&=&g(x)&\forall x\in \Omega \end{array}}\right.}

On se place dans la théorie des semi-groupes en mettant l'équation précédente au premier ordre en temps. On pose alors

A = ( 0 I Δ 0 ) {\displaystyle {\mathcal {A}}=\left({\begin{array}{cc}0&I\\\Delta &0\end{array}}\right)} , Y = ( u v ) {\displaystyle {\mathcal {Y}}=\left({\begin{array}{c}u\\v\end{array}}\right)}

(avec v = u {\displaystyle v=u'} ) et

Y 0 = ( f g ) . {\displaystyle {\mathcal {Y}}_{0}=\left({\begin{array}{c}f\\g\end{array}}\right).}

L'équation devient alors

{ Y ( t ) = A Y ( t ) Y ( 0 ) = Y 0 {\displaystyle \left\{{\begin{array}{rcll}{\mathcal {Y}}'(t)&=&{\mathcal {A}}{\mathcal {Y}}(t)\\{\mathcal {Y}}(0)&=&{\mathcal {Y}}_{0}\end{array}}\right.} .

Le domaine du Laplacien étant D ( Δ ) = H 2 ( Ω ) H 0 1 ( Ω ) {\displaystyle D(\Delta )=H^{2}(\Omega )\cap H_{0}^{1}(\Omega )} , celui de A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est D ( A ) = H 2 ( Ω ) H 0 1 ( Ω ) × H 0 1 ( Ω ) {\displaystyle D({\mathcal {A}})=H^{2}(\Omega )\cap H_{0}^{1}(\Omega )\times H_{0}^{1}(\Omega )} sur H = H 0 1 ( Ω ) × L 2 ( Ω ) {\displaystyle H=H_{0}^{1}(\Omega )\times L^{2}(\Omega )} . Les conditions initiales seront alors prises dans H {\displaystyle H} . Le produit scalaire dans H {\displaystyle H} est défini pour tout couple ( u , v ) {\displaystyle (u,v)} dans H {\displaystyle H} ( u = ( u 1 , u 2 ) {\displaystyle u=(u_{1},u_{2})} et v = ( v 1 , v 2 ) {\displaystyle v=(v_{1},v_{2})} ) par ( u , v ) H = ( u 1 , v 1 ) L 2 ( Ω ) + ( u 2 , v 2 ) L 2 ( Ω ) . {\displaystyle (u,v)_{H}=(\nabla u_{1},\nabla v_{1})_{L^{2}(\Omega )}+(u_{2},v_{2})_{L^{2}(\Omega )}.}

Reste à vérifier que nous sommes bien dans les conditions d'application du théorème de Hille-Yosida :

  1. D ( A ) {\displaystyle D({\mathcal {A}})} est dense dans H {\displaystyle H} .
  2. A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est fermé.
  3. A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est dissipatif. Ce point mérite une preuve.
Première preuve

On utilise la caractérisation ( i ) {\displaystyle (i')} du théorème. Soient λ > 0 {\displaystyle \lambda >0} et ( f , g ) H {\displaystyle (f,g)\in H} . L'équation résolvante s'écrit en ( u , v ) {\displaystyle (u,v)}

( ) { λ u v = f λ v Δ u = g {\displaystyle (*)\left\{{\begin{array}{rcl}\lambda u-v&=&f\\\lambda v-\Delta u&=&g\end{array}}\right.}

d'où ( λ 2 I Δ ) u = λ f + g {\displaystyle (\lambda ^{2}I-\Delta )u=\lambda f+g} qui admet une unique solution dans u H 0 1 ( Ω ) {\displaystyle u\in H_{0}^{1}(\Omega )} via Lax-Milgram (car d'une part λ 2 > 0 {\displaystyle \lambda ^{2}>0} et d'autre part les valeurs propres du Laplacien sont strictement négatives donc ( λ 2 I Δ ) {\displaystyle (\lambda ^{2}I-\Delta )} est un opérateur elliptique dont la forme bilinéaire associée vérifie les hypothèses du théorème de Lax-Milgram). Et alors v = λ u f {\displaystyle v=\lambda u-f} est dans H 0 1 ( Ω ) {\displaystyle H_{0}^{1}(\Omega )} .

L'estimation de l'opérateur résolvant R λ {\displaystyle R_{\lambda }} vient du produit scalaire de ( ) 2 {\displaystyle (*)_{2}} par v {\displaystyle v} en remplaçant u {\displaystyle u} par sa valeur dans ( ) 1 {\displaystyle (*)_{1}} :

λ ( v L 2 ( Ω ) 2 + u L 2 ( Ω ) 2 ) = ( f , u ) L 2 ( Ω ) + ( g , v ) L 2 ( Ω ) ( g L 2 ( Ω ) 2 + f L 2 ( Ω ) 2 ) 1 / 2 ( v L 2 ( Ω ) 2 + u L 2 ( Ω ) 2 ) 1 / 2 . {\displaystyle {\begin{array}{rcl}\lambda (\|v\|_{L^{2}(\Omega )}^{2}+\|\nabla u\|_{L^{2}(\Omega )}^{2})&=&(\nabla f,\nabla u)_{L^{2}(\Omega )}+(g,v)_{L^{2}(\Omega )}\\&\leq &(\|g\|_{L^{2}(\Omega )}^{2}+\|\nabla f\|_{L^{2}(\Omega )}^{2})^{1/2}(\|v\|_{L^{2}(\Omega )}^{2}+\|\nabla u\|_{L^{2}(\Omega )}^{2})^{1/2}.\end{array}}}

D'où, puisque ( u , v ) = R λ ( f , g ) {\displaystyle (u,v)=R_{\lambda }(f,g)} , on obtient l'estimation attendue R λ 1 λ {\displaystyle \|R_{\lambda }\|\leq {\frac {1}{\lambda }}} . Le semi-groupe engendré par A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est donc un semi-groupe de contraction.

Seconde preuve

On peut utiliser le Corollaire 3 pour montrer que A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est m-dissipatif en montrant que A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est anti-adjoint. On a alors pour tout couple ( u , v ) {\displaystyle (u,v)} dans D ( A ) {\displaystyle D({\mathcal {A}})}

( A u , v ) H = ( u 2 , v 1 ) L 2 ( Ω ) + ( Δ u 1 , v 2 ) L 2 ( Ω ) = ( u 2 , Δ v 1 ) L 2 ( Ω ) ( u 1 , v 2 ) L 2 ( Ω ) = ( u , A v ) H . {\displaystyle {\begin{array}{rcl}({\mathcal {A}}u,v)_{H}&=&(\nabla u_{2},\nabla v_{1})_{L^{2}(\Omega )}+(\Delta u_{1},v_{2})_{L^{2}(\Omega )}\\&=&-(u_{2},\Delta v_{1})_{L^{2}(\Omega )}-(\nabla u_{1},\nabla v_{2})_{L^{2}(\Omega )}\\&=&-(u,{\mathcal {A}}v)_{H}.\end{array}}}

Ainsi, A {\displaystyle {\mathcal {A}}} est anti-adjoint et à domaine dense donc m-dissipatif.

Article connexe

Théorème de Lumer-Phillips (en)

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