Théorème de densité de Tchebotariov

En théorie algébrique des nombres, le théorème de Tchebotariov, dû à Nikolai Tchebotariov et habituellement écrit[1] théorème de Chebotarev[2], précise le théorème de la progression arithmétique de Dirichlet sur l'infinitude des nombres premiers en progression arithmétique : il affirme que, si a, q ≥ 1 sont deux entiers premiers entre eux, la densité naturelle de l'ensemble des nombres premiers congrus à a modulo q vaut 1/φ(q).

Énoncé

Le cadre du théorème de Tchebotariov est le suivant : on considère une extension galoisienne L / K {\displaystyle L/K} de corps de nombres, de groupe de Galois G {\displaystyle G} . Pour tout idéal entier a {\displaystyle {\mathfrak {a}}} de K {\displaystyle K} , on note N ( a ) = | O K / a | {\displaystyle {\mathcal {N}}({\mathfrak {a}})=\left|{\mathcal {O}}_{K}/{\mathfrak {a}}\right|} la norme de a {\displaystyle {\mathfrak {a}}} .

Considérons un idéal premier p {\displaystyle {\mathfrak {p}}} de K {\displaystyle K} non ramifié dans L {\displaystyle L} , et soit P p {\displaystyle {\mathfrak {P}}\mid {\mathfrak {p}}} un idéal premier de L {\displaystyle L} au-dessus de p {\displaystyle {\mathfrak {p}}} .

On montre qu'il existe un unique élément σ P G {\displaystyle \sigma _{\mathfrak {P}}\in G} caractérisé par la relation suivante : pour tout élément α O L {\displaystyle \alpha \in {\mathcal {O}}_{L}} , on a

σ P ( α ) α N ( p ) ( mod P ) . {\displaystyle \sigma _{\mathfrak {P}}(\alpha )\equiv \alpha ^{{\mathcal {N}}({\mathfrak {p}})}{\pmod {\mathfrak {P}}}.}

Si G {\displaystyle G} n'est pas abélien, cela dépend du choix de P {\displaystyle {\mathfrak {P}}}  : en effet, si P {\displaystyle {\mathfrak {P'}}} est un autre idéal premier au-dessus de p {\displaystyle {\mathfrak {p}}} , il existe un élément σ G {\displaystyle \sigma \in G} tel que P = σ ( P ) {\displaystyle {\mathfrak {P'}}=\sigma ({\mathfrak {P}})} , et alors σ P {\displaystyle \sigma _{\mathfrak {P'}}} et σ P {\displaystyle \sigma _{\mathfrak {P}}} sont conjugués dans G {\displaystyle G} .

On considère alors la classe de conjugaison { σ P , P p } {\displaystyle \{\sigma _{\mathfrak {P}},\,{\mathfrak {P}}\mid {\mathfrak {p}}\}} , que l'on nomme symbole de Frobenius de p {\displaystyle {\mathfrak {p}}} dans L / K {\displaystyle L/K} , encore noté (par abus) σ p {\displaystyle \sigma _{\mathfrak {p}}} . Remarquons que, si G {\displaystyle G} est abélien, cette classe est réduite à un seul élément.

Nous pouvons alors énoncer le théorème que Tchebotariov démontra dans sa thèse en 1922 :

Théorème de Tchebotariov —  Soit C {\displaystyle C} une classe de conjugaison dans G {\displaystyle G} . Alors l'ensemble des idéaux premiers p {\displaystyle {\mathfrak {p}}} de K {\displaystyle K} , non ramifiés dans L {\displaystyle L} , et tels que σ p = C {\displaystyle \sigma _{\mathfrak {p}}=C} , a pour « densité naturelle[3] » | C | / | G | {\displaystyle |C|/|G|} .

La version quantitative du théorème de la progression arithmétique de Dirichlet sur les nombres premiers en progression arithmétique en découle, en appliquant le théorème précédent à une extension cyclotomique de ℚ.

Notes et références

  1. Fautivement, par influence de l'anglais : voir Transcription du russe en français.
  2. Jean-Pierre Serre, « Quelques applications du théorème de densité de Chebotarev », Publ. Math. IHES, vol. 54,‎ , p. 123-201 (lire en ligne).
  3. Pour la signification particulière de ce terme dans ce contexte, voir Serre 1981, p. 131.
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