Velankanni

Velankanni
வேளாங்கண்ணி
Velankanni
Basilique de Notre-Dame de la Bonne Santé.
Administration
Pays Drapeau de l'Inde Inde
État ou territoire Tamil Nadu
District District de Nagapattinam
Fuseau horaire IST (UTC+05:30)
Démographie
Population 10 144 hab. (2001)
Densité 1 844 hab./km2
Géographie
Coordonnées 10° 42′ nord, 79° 48′ est
Altitude m
Superficie 550 ha = 5,5 km2
Localisation
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Velankanni (en tamoul : வேளாங்கண்ணி ; en portugais : Vallagane ou Vellagani) ou Vailankanni et Velanganni, est une commune et un centre de pèlerinage chrétien localisée dans le district de Nagapattinam au sud-est de l'Inde, dans l'État du Tamil Nadu.

La cité est célèbre pour sa basilique dédiée à Notre Dame de la Bonne Santé — À laquelle sont prêtées des apparitions mariales —, qui est un sanctuaire religieux attirant de nombreux pèlerins de toutes confessions. En raison de son caractère sacré aux yeux du catholicisme, peu présent dans cette partie du monde, Velankanni est surnommée le Lourdes de l'Orient. Le pape Jean XXIII élève la principale église de la ville, le sanctuaire de Notre-Dame de la Bonne Santé, au statut de basilique mineure en 1962.

Basilique Notre-Dame de la Bonne Santé

Le bâtiment actuel de la basilique, construit près du lieu-dit où aurait eu lieu l'apparition au vendeur de babeurre, date des XIXe et XXe siècles et est conçu dans le style néogothique. Son retable est remarquable pour son ornementation, couvert de carreaux de Delft ou d'azulejos représentants des scènes bibliques[1],[2].

Une première église en dur est construite à Velankanni en 1642, sous la présence portugaise à Negapatam, où était installée une communauté chrétienne et indo-portugaise considérable[3],[4]. Elle fut dédiée à Notre-Dame de la Santé (Nossa Senhora da Saúde en portugais), une invocation mariale très populaire au Portugal, issue des litanies de Lorette[3],[4]. Associée à ce titre par des croyants convaincus, la Vierge Marie de Velankanni prit ainsi le nom de Notre-Dame de la Bonne Santé (தூய ஆரோக்கிய அன்னை (tūya ārōkkiya annai) en tamoul ; Nossa Senhora da Boa Saúde en portugais).

Initialement dépendante de Negapatam, Velankanni devient une paroisse à part en 1771 sur décision de l'évêque de Méliapour[1]. Tout au long de son histoire, jusqu'au milieu du XXe siècle, elle fut sous la direction du Padroado, confiée aux Franciscains portugais[3],[4].

Une part importante de sa fréquentation est le fait de pèlerins en espérance d'une santé meilleure, qui peuvent prendre part à des pratiques votives[5].

Apparitions mariales

Trois grands miracles sont attribués à Notre-Dame de la Bonne Santé, tous sont datés des XVIe et XVIIe siècles et ont eu lieu à Velankanni et dans ses alentours[2].

Le berger endormi

C'est vers 1580 que la Vierge apparaît pour la première fois à un berger assoupi sur les bords d'un étang et au pied d'un banian[6],[7],[8],[9],[10].

Cet enfant, qui devait se rendre à Negapatam pour apporter du lait à son maître, est réveillé par la luminosité éclairant une belle dame tenant un enfant dans ses bras. Cette femme demande s'il peut lui donner le lait qu'il transportait pour nourrir son enfant, le berger ne pouvant refuser tend le pot à la dame et repart avec ce qu'il lui reste.

Arrivé à la demeure de son maître, l'enfant s’excuse du peu de lait amené et raconte sa mésaventure. Le maître sceptique, se laisse cependant convaincre, ouvre le pot et constate que le récipient est plein à ras bord. S'écriant au miracle, le berger et le maître partent pour l'étang et se prosternent au sol pour vénérer la Vierge.

L'enfant boiteux

Quelques années plus tard, vivait à Velankanni une pauvre veuve et son fils boiteux[9],[10]. La mère envoyait tous les jours son fils sur un monticule situé au bord d'une route et d'un figuier des banians, afin de vendre le babeurre qu'elle produisait.

Un jour, l'enfant était là comme d'habitude. Mais les clients étaient rares et la journée était particulièrement chaude, le boiteux inquiété par le peu de vente réalisé, vit apparaître une dame et un nourrisson entourée d'une lumière éclatante. La belle femme demanda au pauvre garçon s'il pouvait bien lui donner une tasse. Le boiteux content de servir une cliente si ravissante, lui offrit une grande tasse à boire.

La Vierge prise de pitié et de tristesse face à la souffrance de cet enfant, eut un tendre regard maternel qui le guérit. L'infirme ne se rendit pas compte du miracle, jusqu'au moment où la dame lui demande d'aller à Negapatam pour demander à un catholique fortuné de bâtir une chapelle en son nom. L'enfant répondit que son handicap ne lui permet pas de se déplacer aisément, Marie lui demanda de se lever et l'infirme se mit à marcher sans problème.

Il se mit à courir jusqu'à la ville, où il rencontra un bienfaiteur qui n'eut pas de difficulté à croire l'enfant, car le riche homme lui-même ayant eu une vision de la Vierge la nuit dernière. Ils partirent tous les deux à Velankanni, et y bâtirent avec l'aide de la population une première petite chapelle sous forme d'une hutte ou d'une chaumière.

Rapidement, le lieu devient un sanctuaire visité par de nombreux pèlerins de toute croyances confondues.

Les marins portugais

Au XVIIe siècle[2],[10], un navire marchand portugais partit de Macao pour Colombo fut pris dans une violente tempête au large de la côte orientale de l'Inde. Les marins qui s'y trouvaient à bord prièrent la Vierge Marie pour les sauver de l'inévitable perte. Ils parvinrent à Velankanni en toute sécurité et bâtirent une église face au bord de mer, qu'ils dédièrent à Notre-Dame de la Santé. Au fil du temps le lieu de culte construit par les miraculés est à maintes reprises agrandi.

Pèlerinage marial

Le pèlerinage marial annuel à l'église de Velankanni semble avoir commencé à prendre de l'importance à partir de la fin du XVIIe siècle[4]. Des missionnaires protestants installés à Tranquebar visitent le lieu en 1730, et font état de la certaine célébrité de l'église et de son pèlerinage dans la région[11]. À cette époque, Velankanni n'était néanmoins pas un site aussi populaire que l'église Notre-Dame-des-Neiges de Tuticorin[3].

La dévotion à Notre-Dame de la Bonne Santé s'accroissant à partir de la fin du XIXe siècle. Son culte est notamment répandu par des prêtres sud-indiens en exercice dans les régions de forte immigration ou influence indienne aux XIXe et XXe siècles, telles que l'Asie du Sud-Est (Malaisie, Indonésie, etc.) ou l'Afrique orientale et australe (Maurice, Afrique du Sud, etc.)[12],[13]. La diaspora indienne est un autre facteur de diffusion de la piété à Notre-Dame de Velankanni[2],[14].

Trois millions de pèlerins sont attendus au sanctuaire marial de Vailankanni, dans le sud de l’Inde, pour la fête de la Nativité de Marie, célébrée du 29 août au 8 septembre 2024. Un sanctuaire qui attire chaque année jusqu’à 20 millions de croyants chrétiens mais aussi hindous et musulmans et dont le Vatican a salué, début août, les « fruits spirituels »[15],[16].

Géographie

Velankanni est situé dans le delta de la Cavéry, sur les rives du Vellayar (un défluent mineur du fleuve) qui y trouve son embouchure, et face au Golfe du Bengale, sur la côte de Coromandel. La localité étant originellement un petit village, elle s'est depuis densifiée pour faire face à l'afflux important de pèlerins. Sa situation sur le bord de mer l'a fortement affectée lors du tsunami de 2004, faisant figurer la cité mariale parmi les lieux les plus touchés sur toute la côte orientale de l'Inde.

Transports

La ville bénéficie depuis 2010 d'une desserte ferroviaire par une gare éponyme en cul-de-sac, sur la ligne ferroviaire Nagapattinam-Velankanni, longue de 10 km[17]. L'offre de transport y est limitée, mais régulière, avec notamment deux express hebdomadaires pour Panjim (Goa) et Ernakulam (Cochin, Kerala). L'afflux massif de pèlerins durant de la fête annuelle du sanctuaire, se manifeste par une desserte enrichie avec des trains saisonniers à destination de Bombay, Mangalore, Trivandrum, Madras ou encore Hyderabad[18],[19],[20].

Velankanni est située au bord de la NH 32 entre Nagapattinam et Muthupet, une section d'une route plus vaste appelée aussi l'East Coast Road, entre Madras et Tuticorin.

Histoire

Si l'histoire moderne de Velankanni et la perception contemporaine de la localité se confondent avec la Basilique Notre-Dame-de-Bonne-Santé, cet ancien village hérite cependant d'une projection historique plus ancienne.

Velankanni semble avoir connue une activité notable durant le Moyen Âge, sous la dynastie des Cholas. C'est ce que laissent suggérer les nombreuses découvertes archéologiques faites sur son territoire, essentiellement des sculptures en bronze d'iconographie hindoue datées des IXe au XIe siècles, pour certaines des pièces remarquables[21],[22]. Un fondement ancien perpétué par le temple shivaïte de Sri Rajathagirisvarar et son quartier hindou, situés dans la partie ouest de Velankanni[23].

Notes et références

  1. a et b (en) S. Jeyaseela Stephen, Caste, Catholic Christianity, and the Language of Conversion : Social change and cultural translation in Tamil country, 1519-1774, New Delhi, Kalpaz Publications, (ISBN 9788178356860, OCLC 253848569), chap. 9 (« Portuguese and the Religious Architecture in the Churches of Tamil Nadu »), p. 305, 310
  2. a b c et d Catherine Clémentin-Ojha, Les Chrétiens de l'Inde : Entre castes et églises, Paris, Albin Michel, , 304 p. (ISBN 9782226182753, OCLC 237955123), I (Être chrétien en Inde aujourd'hui), chap. 3 (« Être chrétien parmi les hindous »), p. 102-106
  3. a b c et d (en) S. Jeyaseela Stephen, Caste, Catholic Christianity and the language of conversion : Social change and cultural translation in Tamil country, 1519 - 1774, New Delhi, Kalpaz Publications, (ISBN 978-81-7835-686-0, OCLC 253848569), chap. 4 (« The Christian Life and Everyday Practices of the Tamils »), p. 139-140
  4. a b c et d (en) Sanjay Subrahmanyam, Improvising empire : Portuguese trade and settlement in the Bay of Bengal, 1500-1700, Delhi, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-562570-7, OCLC 489750023), chap. 4 (« Trade and the Flag : The Portuguese at Nagapattinam, 1530-1658 »), p. 83-86
  5. (en) Matthias Frenz, « Salus Infirmorum. The “Culture of Healing” at a Marian Pilgrimage Centre in Tamil Nadu », dans Divins remèdes : Médecine et religion en Asie du Sud, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. « Purushartha » (no 27), , 331–354 p. (ISBN 978-2-7132-2167-5 et 978-2-7132-3146-9, OCLC 470926092, DOI 10.4000/books.editionsehess.21791, lire en ligne)
  6. « Apparitions à Velankanni », sur apotres.amour.free.fr (consulté le )
  7. René Laurentin et Patrick Sbalchiero (préf. Roger Etchegaray), Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, Paris, Fayard, (ISBN 978-2-213-63101-1, OCLC 123229068), « Velankanni »
  8. Pascal-Raphaël Ambrogi et Dominique Le Tourneau (préf. Philippe Barbarin), Dictionnaire encyclopédique de Marie, Paris, Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-06700-1, OCLC 910253524), « Inde (le culte marial) »
  9. a et b (en) Christine Barrely, The Little Book of Mary, San Francisco, Chronicle Books, , 176 p. (ISBN 9781452131078, OCLC 855905597), « The Mother of Good Health of Velankanni », p. 164-165
  10. a b et c (en) Armiger Jagoe, A Layman's Chronology of Mary, Bloomington, iUniverse, (ISBN 9781491700990, OCLC 855582652), p. 58
  11. (en) Matthias Frenz, « The Virgin and her 'Relations' : Reflections on Processions at a Catholic Shrine in Southern India », dans Knut A. Jacobsen, South Asian Religions on Display : Religious Processions in South Asia and in the Diaspora, Londres, Routledge, (ISBN 9780415437363, OCLC 167509062), p. 95
  12. Daniel Perret, « Graha Maria Annai Velangkanni : une église d’inspiration indienne à Medan, Sumatra Nord », Archipel, vol. 82,‎ , p. 115-136 (lire en ligne Accès libre)
  13. « PHÉNOMÈNE RELIGIEUX: Notre Dame de Velankanni mobilise les foules », sur Le Mauricien, (consulté le )
  14. (en) Jim Sykes et Julia Byl, Sounding the Indian Ocean : Musical circulations in the Afro-Asiatic seascape, Berkeley, University of California Press, (ISBN 978-0-520-39317-2, OCLC 1437898821), « Introduction - Sound, Movement, Water, Protection »
  15. Aurélien Vurli, « Inde : trois millions de croyants attendus pour le pèlerinage de Vailankanni, la « Lourdes de l’Orient » », sur La Croix, (consulté le ).
  16. Vailankanni: pas de syncrétisme, mais une Mère qui accueille / Vatican News, audience du , consulté le 29 août 2024.
  17. (en) P. V. Srividya, « Grand railway station nearing completion », The Hindu,‎ (ISSN 0971-751X, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  18. (en) « Indian Railways starts special train from Mumbai for Velankanni festival: Check full schedule here », sur CNBC TV18, Sudarsanan Mani, (consulté le )
  19. (en) Arockiaraj Johnbosco, « Velankanni and Onam festivals: Southern Railway to run special trains », The Times of India,‎ (ISSN 0971-8257, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) « South Central Railway announces special trains to Velankanni from Secunderabad », The Hindu,‎ (ISSN 0971-751X, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  21. (en) Vidya Dehejia, Art of the imperial Cholas, New York, Columbia University Press, coll. « The Polsky lectures in Indian and Southeast Asian art and archaeology », (ISBN 978-0-231-07188-8, OCLC 467042012), chap. I (« The Age of a Pious Queen »), p. 46
  22. (en) Rustam Jehangir Mehta, Masterpieces of Indian bronzes and metal sculpture, Bombay, D.B. Taraporevala Sons & Co, , 2e éd. (1re éd. 1971) (OCLC 10111740), p. 47
  23. (en) Brigitte Sebastia, Māriyamman-Mariyamman : Catholic practices and image of Virgin in Velankanni (Tamil Nadu), Pondichéry, Institut français de Pondichéry, coll. « Pondy papers in social sciences » (no 27), (OCLC 56905369), p. 14-16

Voir aussi

Articles liés

Liens externes

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